Texte d'Hélène Gaudreault

lu à la présentation de François Brassard

au Gala de l'Ordre du Bleuet, le 16 juin 2012


Le 6 octobre 1908, la petite municipalité de Saint-Jérôme, aujourd’hui Métabetchouan, enrichit ses rives d’un être exceptionnel, François-Joseph Brassard, qui va livrer à la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean un héritage patrimonial artistique sans précédent. Le Camp musical du Lac-Saint-Jean garde en ses racines les bourgeons des semences que ce Jeannois a plantées dans son patelin natal.


Inscrit au Petit séminaire de Chicoutimi de 1920 à 1928, il y pratique le piano avec l’abbé Herménégilde Fortin aussi séduit par son talent que Mgr Félix-Antoine Savard, auteur du célèbre Menaud maître draveur, l’est par son travail académique. Baccalauréat en mains, François poursuit sa formation à l’Académie de musique de l’Université Laval auprès d’Omer Létourneau. Ses études terminées, il est nommé titulaire des Orgues de l’église Saint-Dominique de Jonquière. Poste qu’il occupera pendant 42 ans, si ce n’est d’un intermède pendant ses études en Europe où son amie, Anne-Marie Plourde, première bachelière en musique au Saguenay–Lac-Saint-Jean, le remplacera. Il l’épousera quelques années plus tard.


En 1933, fort de l’obtention d’une bourse du gouvernement canadien, le musicien de 24 ans part à Paris étudier le grégorien et le folklore auprès d’Albert Bertelin. Après la France, il se rend à Londres où il rencontre Ralf Williams qui deviendra son maître et lui révélera les secrets de l’inspiration folklorique. En 1940, il soumet à l’anthropologue Marius Barbeau trois chansons de tradition orale dont il a fait la notation musicale. Frappé par l’excellence des documents, l’ethnomusicologue réputé l’encourage à faire collection de toutes les chansons folkloriques de son milieu.


Dès lors, le compositeur poursuit d'importants travaux de recherches, compilations, édition et d’harmonisation de la chanson folklorique canadienne d'expression française. Il reproduit, sous dictée, paroles et musique de quelque 1200 chansons ou versions recueillies au cours de ses voyages du Québec à l’Acadie, de l’Ontario à l'Ouest canadien, de la Nouvelle-Angleterre à la Louisiane.


Nommé professeur à l'Université Laval en 1946, il devient membre émérite du Comité des éditions des Archives de folklore. Il rédige de nombreux articles, essais et analyses publiés au Canada et à l'étranger sur des événements pittoresques se déroulant dans son Royaume. Sous des pseudonymes à résonance musicale, Thibault de Champagne, Rapsodie, Brazarpianie, il ouvre une voie nouvelle à la recherche culturelle. Sa polyvalence artistique a généré de superbes harmonisations interprétées par le Petit Ensemble vocal à Radio-Canada, ainsi que dans la série Au bois du rossignolet qu’il anime de 1965 à 1967.


Dans ses compositions, François Brassard démontre son attachement au chant folklorique et liturgique. Il croit « au renouvellement par la simplicité », tel qu’en témoigne son Panis Angelicus pour voix et orgue, primé par la Société des musiciens d'église de la province de Québec. De la magistrale Marche fantastique et Festival pour orchestre à la Suite villageoise pour violon et piano, inaugurée par nul autre que Calvin Sieb, il écrit une trentaine de compositions musicales — Sonatine, Lumineuses, Basilicale, Matapédienne, Poème d’amour et de joie – et harmonise bon nombre de chansons folkloriques considérées comme œuvres magistrales du genre. Orléanaises, son œuvre marquante pour piano, jouée devant l’illustre Victor Villa Lobos, lui vaut de nombreux éloges.


Au fil des années, son génie est reconnu mondialement. Les hommages honorifiques déferlent : boursier du Conseil des Arts du Canada puis de la Direction générale des arts et lettres du Québec dans les années 60, il est nommé docteur en musique « honoris causa » par l’Université Laval, professeur invité à l'Université de Montréal et conférencier au Museo del Pueblo Español de Madrid. Sa région natale reconnaît l’excellence de son œuvre et lui dédie, en 1965, la nouvelle salle de concert du Cégep de Jonquière.


Parfait humaniste, capteur de tout ce qui est beau et durable, collectionneur dans l’âme, il a légué sa bibliothèque, riche de nombreux volumes rares sur les chansons folkloriques de France et d’autres pays latins, à l’Université Laval. François Brassard, compositeur, ethnomusicologue, organiste, professeur, pianiste, écrivain a su saisir les liens qui unissent l’âme d’un peuple et la musique qui l’exprime.


Son fils André, résume bien le caractère de l’héritage de cet homme remarquable, quand il écrit : « Par ses compositions, ses recherches, ses écrits, c’est notre précieux passé qu’il a voulu nous transmettre en nous touchant du doigt le cœur ».

Le 16 juin 2012

FRANÇOIS BRASSARD


Compositeur, chercheur,innovateur

Musicien phare reconnu au-delà de nos frontières


fut reçu membre de l'Ordre du Bleuet

à titre posthume

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mercredi 19 décembre 2012

François Brassard sur vidéo au Gala 2012

Quelques minutes pour se souvenir d'un grand moment

Gala 2012 de l'Ordre du Bleuet
François Brassard

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